Biblio-portrait #6 - Stéphanie Cadieux

Stéphanie Cadieux est bibliothécaire spécialisée en veille informationnelle au centre de documentation de Loto-Québec depuis 2018. Plus précisément, elle s'intéresse aux sujets suivants: pari sportif; esport; jeu responsable et prévention.  J'ai eu le plaisir de suivre un cours d'introduction à la gestion d'un service d'information qu'elle enseignait à l'automne 2017.  

1. Quels sont les autres postes que tu as occupés en tant que bibliothécaire ?

Je n’ai pas occupé beaucoup de postes en tant que bibliothécaire, même si j’ai terminé ma maîtrise en 2010 ! J’ai travaillé un peu plus d’un an chez Investissement Québec, en tant qu’analyste-recherchiste en information stratégique. Puis, je suis allée faire un doctorat en sciences de l’information qui m’a pris sept ans ! Je n’ai pas pu avoir de travail à temps plein durant ce temps et je mettais mon énergie davantage sur la recherche et les charges de cours. Et puis, lorsque j’ai terminé, j’ai eu envie de retourner dans le milieu professionnel. 
Je suis chez Loto-Québec depuis juillet 2018, avec une brève pause de quatre mois de congé de maternité (le papa a pris le reste). Je tiens d’ailleurs à mentionner que j’ai été embauchée alors que j’étais enceinte de quatre mois (alors mesdames, n’hésitez pas à postuler !)

Notre équipe est constituée d’une autre bibliothécaire et d’une bibliotechnicienne.

2. À quoi ressemblait ta vie professionnelle ou académique avant la bibliothéconomie ?

J’ai un baccalauréat en traduction que j’ai terminé en 2007 et je suis tout de suite allée à la maîtrise en sciences de l’information. J’ai fait ma maîtrise en trois ans et j’ai fait mon doctorat ensuite. En tout, j’ai été dix ans à l’EBSI !

3. Décris-nous une journée typique au travail.

J’ouvre ma boîte courriel pour savoir si je n’ai pas reçu des demandes depuis la veille. La majorité du temps, je n’en ai pas, alors je regarde mes fils RSS et les « newsletters » auxquelles je suis inscrites. Je retire les nouvelles qui sont pertinentes en général pour ce qui touche les jeux de hasard et d’argent dans un document, les nouvelles pertinentes sur le pari sportif dans un autre et ce qui touche au esport dans un troisième document.
Si j’ai des alertes de Google Scholar, je passe à travers pour faire la recension de la recherche sur tout ce qui touche le jeu pathologique et les méthodes de prévention.
On a parfois des rencontres avec différentes équipes pour travailler sur des projets spéciaux ou pour préciser des besoins de veille. On reçoit beaucoup de demandes d’information du département des affaires juridiques, concernant des lois, des jugements ou des règlements, tant au niveau local qu’international. Tout dépendant des projets de la haute direction, on peut avoir des journées très chargées en demandes « ponctuelles » ou on peut se concentrer sur notre offre de services et sur la production de nos dossiers de veille.
Un mois typique : Tous les jeudis, on envoie une revue de l’actualité générale sur les jeux de hasard et d’argent à tous les employés qui sont intéressés par le développement de l’industrie. À toutes les deux semaines, j’envoie une revue de l’actualité pertinente concernant le pari sportif à l’équipe qui s’en occupe. J’envoie aussi une liste des articles scientifiques parus concernant le jeu pathologique à l’équipe de responsabilité sociale. Et à tous les mois, ma collègue produit une revue de l’actualité sur les casinos à l’échelle mondiale.  Nous avons environ une vingtaine de demandes ponctuelles par mois, certaines ne prenant que quelques minutes à répondre et d’autres pouvant aller sur des journées, voire des semaines.

4. Un projet qui te tient à cœur sur lequel tu travailles en ce moment? (Si tu peux nous en parler, bien sûr).

Le Centre de documentation a longtemps été sous la gouverne de gens qui n’avaient que le titre de bibliothécaire… mais qui n’avaient pas la formation. Ma collègue bibliothécaire est arrivée en novembre 2017 et a dû faire énormément de promotion au sein de Loto-Québec pour faire connaître le Centre. Elle a travaillé comme seule bibliothécaire jusqu’à mon arrivée.

À mon arrivée, les documents physiques n’avaient jamais fait l’objet d’élagage et étaient classés par ordre d’achat… J’ai pris sur moi de faire un grand ménage, d’autant plus que nous sommes en train de changer le catalogue au complet. 

Jusqu’à maintenant, je n’ai pas réussi à terminer la reclassification et le reclassement, mais au moins, l’élagage est terminé et nous n’avons plus de livres d’informatique datant de 1984 !

5. Qu’est-ce que tu apprécies le plus dans la carrière de bibliothécaire ?

La possibilité d’apprendre constamment. Quand je suis arrivée dans mon milieu, je ne connaissais pas grand-chose sur les jeux de hasard et d’argent. Depuis que j’y travaille, j’ai découvert une industrie intéressante qui bouge excessivement vite et j’apprends (presque) chaque jour de nouvelles choses. On ne s’ennuie pas.

6. Qu’est-ce que tu apprécies le moins dans la carrière de bibliothécaire ?

La méconnaissance de la profession. Nous pouvons être consultés pour plus qu’uniquement des suggestions d’achat et nous cherchons aussi ailleurs que dans les livres. Et oui, ça prend une maîtrise pour être bibliothécaire, revenez-en !

7. Le plus gros défi ou les grands enjeux en ce moment dans ton travail ou dans ton milieu ?

La reconnaissance de ce que l’on fait dans le milieu corporatif. Notre expertise en recherche d’information n’est pas assez reconnue et les limites de ce que l’on peut faire et ce dont nous n’avons pas l’expertise est très floue.
Essayer de faire comprendre que nous pouvons aider à trouver l’information, que l’on peut la synthétiser mais que nous ne sommes pas formés pour l’analyser (en juridique, en finances ou sur un aspect pointu de l’industrie), c’est pas évident dans certains cas.
Et dans d’autres cas, juste le fait que nous pouvons faire de la recherche et que nous ne faisons pas qu’acheter des livres est une très grande surprise !

8. Ta dernière découverte en matière de livre ou de jeu (ou autre ressource !) ?

Pour ce qui touche la recherche des industries du divertissement : les rapports de Technavio.
Pour la détente : la série de bande dessinée Black Magick dessinée par la très talentueuse Nicolas Scott. Il n’y a que deux volumes sortis pour l’instant, alors y’a pas trop de retard à rattraper ! 

Conclusion

Si le travail de bibliothécaire est encore trop méconnu, et ce dans tous les milieux incluant les milieux spécialisés ou corporatifs, il importe pour tous les professionnels de l'information d'éduquer la clientèle afin de faire vivre les services que nous développons. Parfois, le simple fait d'en parler peut aider à faire connaître notre travail, mais très souvent il importe de mettre en place des actions  plus concrètes, notamment de créer des opportunités pour s'inscrire dans des initiatives déjà en place dans notre milieu, par exemple en offrant des formations lors d'ateliers ou de journées professionnelles, mais ce n'est pas gagné d'avance. 

Ressources

À propos de Stéphanie Cadieux

Academia


À propos du centre de documentation 




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