Compte rendu de l’Enquête sur les impacts de la Covid-19 sur les milieux documentaires, menée par Bibliovulgaire

    Depuis le début de la crise sanitaire de la Covid-19, les impacts sur la société ont été nombreux et différents milieux ont été touchés : le milieu de la santé, le milieu éducatif, le milieu culturel, etc. Qu’en est-il des milieux documentaires? Cette enquête se veut générale et non-exhaustive; l’échantillon a été constitué à partir de réponses volontaires de la part de personnes occupant différents postes et oeuvrant dans différents milieux documentaires. 

 Les graphiques 1.1 et 1.2 présentent la proportion des profils des répondants. Il faut donc prendre en compte la surreprésentation des bibliothécaires et des bibliothèques publiques dans l’interprétation des résultats. 

1.1 - Profil des répondants par milieu documentaire

1.2 - Profil des répondants par poste occupé

Impacts et difficultés

Cette enquête s’est intéressée à la question des impacts de la crise sanitaire sur les milieux documentaires et a tenté de les mesurer de façon à la fois quantitative et qualitative. Voici en rafale quelques résultats aux questions d’ordre quantitatif. 

À la question « sur une échelle de 1 (très peu d’impacts) à 5 (beaucoup d’impacts), à quel point le contexte de la Covid-19 a-t-il eu un impact sur votre bibliothèque/milieu de travail? », 66,7% des répondants ont répondu (5) beaucoup d’impacts et les 33,3% restants ont répondu (4). Ensuite, à savoir si ces impacts étaient positifs ou négatifs, 81% des répondants ont noté des impacts majoritairement négatifs, pour seulement 9,5% positifs et 9,5% neutres comme le montre le graphique 1.3. 

1.3 - Proportion des impacts positifs, négatifs et neutres

Les répondants devaient ensuite classer les difficultés suivantes (échelle de 1 à 7, 1 étant le plus difficile) : La fermeture soudaine des bibliothèques; La mise en place des mesures sanitaires dans les lieux physiques (marquage des lieux, pose de plexiglass, acquisition de fourniture, masques de procédure, solution désinfectante, etc.); L'application et le respect des mesures sanitaires dans les lieux physiques du côté des employés; L'application et le respect des mesures sanitaires dans les lieux physiques du côté des usagers; La modification de l'offre de services vers le numérique (les ressources textuelles, audiovisuelles, mais aussi les activités en virtuel); Le télétravail; Les communications (avec les collègues ou les usagers). 

Ce qui étonne, c'est que l'on retrouve une variation notable dans les réponses. En effet, si l’on prend pour exemple la fermeture soudaine des bibliothèques, pour 38% cet impact a été vécu comme le moins difficile, alors que pour 23% ce fut le plus difficile, les autres répondants situant cet impact comme moyennement difficile. Le télétravail a été classé comme un impact moyennement difficile (4) par 33% des répondants, puis comme le moins difficile par 23% des répondants. La mise en place des mesures sanitaires a été classée par 28% des répondants comme un impact moyennement difficile (4), ce pourcentage étant le plus élevé pour cette catégorie. Aussi, la majorité des autres impacts ont été classés de manière partagée à différents niveaux de l’échelle moyenne (entre 2 et 6) sans pourtant qu’il n’y ait de consensus clair. On peut donc tirer une première conclusion : les impacts énoncés précédemment ont été vécus assez différemment par chaque personne. Notre hypothèse est que ce cela pourrait être attribuable à la variété de postes occupés par les répondants et au milieu dans lequel chacun travaille. 

 Quelques répondants ont étoffé leur réponse en rapportant notamment que  « le lien avec les usagers n'est plus le même » et qu’il y a une réelle difficulté à reprendre une vie « normale ». Également, ils soulèvent que les communications sont difficiles, tout comme le plaisir de venir en bibliothèque. Dans le milieu scolaire, on rapporte la difficulté liée à la gestion des retards de documents puisque souvent l’enseignant ou l’élève se retrouvait en quarantaine. Aussi, il semble que si la mise en place des mesures sanitaires n’a pas été difficile pour certains, c’est pourtant ce qui a pris le plus de temps et de ressources à mettre en place. 

Impacts positifs

Également, à savoir s’il y avait eu des impacts positifs, plusieurs réponses nous ont permis de voir que oui. D’abord, la flexibilité permise par le télétravail a été plusieurs fois soulevée. Plusieurs notent également la bonification de l’offre numérique et l’utilisation de ces ressources par le public. D’autres rapportent une certaine autonomie, nouvellement développée, par les usagers en ce qui a trait à l’utilisation des ressources en ligne ainsi qu’une reconnaissance de cette offre de service. Pour certains, ce contexte a permis d’avancer des dossiers qui étaient en suspens ou sur lesquels ils n’avaient pas eu le temps de se pencher. D’autres notent plus de temps pour effectuer certaines tâches chronophages. Plusieurs répondants ont remarqué une meilleure reconnaissance et une meilleure compréhension de leur travail, et de celui des bénévoles, par les institutions, ce qui a mené à un plus grand soutien. On rapporte également une solidarité nouvelle entre les employés ainsi que le départ volontaire de certains employés problématiques. Le développement de nouvelles subventions pour soutenir le rayonnement numérique a également été observé. 

Les répondants ont ensuite été invités à partager par une réponse écrite les changements majeurs apportés à l’offre de service de leur milieu. Parmi les réponses les plus citées, on note l’ajout d’activités d’animation en virtuel, notamment des heures du conte en ligne et des formations à distance. On note aussi la mise en place d’un service de ramassage ou « Click and collect »; « Prêt à emporter »; « Prêt sur commande »; « Cueillette sur rendez-vous », en plus d’une disponibilité en tout temps de la boîte de retour de documents. Aussi, une bonification des ressources et services numériques a largement été observée. 

Impacts négatifs

Plusieurs changements négatifs ont également été de nombreuses fois rapportés : réduction générale des services, notamment une réduction des heures d’ouverture, la limitation des places assises en bibliothèque, l’annulation des activités en bibliothèque, la limitation de l’accès aux ressources papier et aux équipements, l’absence de personnel et de bénévoles, etc. 

Dans le contexte des bibliothèques scolaire, on rapporte que celles-ci ont été fermées, parfois reconverties en salles de dîner et même en salle pour les enseignants afin de répondre aux besoins de distanciation sociale, et que l’accès aux rayons a été restreint. Un répondant a aussi soulevé que « les ateliers avec les élèves qui nécessitaient de la manipulation ou du mobilier demandaient un effort de nettoyage irréalisable ». Somme toute, il n'y a donc pas eu de bonification des services en bibliothèque scolaire, mais plutôt « une réduction significative, voire une absence de services dans plusieurs écoles ». On rapporte également une énorme baisse de fréquentation des lieux, soit près de la moitié nous informe un répondant. 

Contexte de l’offre numérique avant la Pandémie 

L’étude s’est ensuite intéressée à l’offre virtuelle et numérique des bibliothèques avant la pandémie. Sur une échelle de 1 à 4, (1) étant « pas du tout » et (4) étant « tout à fait », c’est 36,4% des répondants qui ont dit que l’offre de leur milieu documentaire n’était (1) « pas du tout » la même et 40,9% ont répondu (2). C’est donc la majorité des répondants qui considèrent que la pandémie a grandement modifié l’offre numérique de leur milieu, comme le montre ces résultats au graphique 1.4. 

1.4 - Adéquation de l'offre numérique avant/après la pandémie 

On apprend que 81,8% des milieux offraient déjà des livres numériques, 59,1% des revues numériques et 72,7% des livres audio. En revanche, seulement 27,3% offraient un accès à du contenu en « streaming » et seulement 18,2% proposaient des activités virtuelles avant la pandémie. On note également que si les ressources numériques étaient présentes avant la pandémie, elles ne constituaient pas la majorité de l’offre. D’autres ressources numériques étaient disponibles avant la crise sanitaire, mais seulement dans une minorité de milieux documentaires; notamment les formations en ligne ou l’accès à une base de données généalogiques. 

D’autres initiatives 

Enfin, d’autres initiatives intéressantes ont été rapportées par les répondants. Par exemple, une bibliothèque a procédé à des « appels d’amitié » afin de faire connaître les services communautaires et les ressources virtuelles à leurs abonnés. D’autres ont fait des « appels réconfort » pour briser l’isolement des personnes âgées, ont mis en place un service de « prêts en lot » dans les foyers pour personnes âgées ou encore ont proposé de l’aide pour l’inscription en ligne aux rendez-vous de vaccination ou pour l’impression de passeport sanitaire. On partage aussi l’utilisation d’outils de communication, notamment Padlet, ainsi qu’un site commun du réseau des bibliothèques. Du côté des groupes scolaires, plusieurs ont offert des bacs de livres à ceux qui ne pouvaient plus se rendre en bibliothèque, ont fait la promotion des ressources en classe et ont même mis en place une boîte de suggestions. En somme, les réponses données ici montrent une certaine résilience et une bonne capacité d’adaptation des différents milieux qui ont voulu répondre aux nouveaux besoins de la clientèle, parfois même en amont, mais aussi proposer de nouvelles idées qui « pourront pour certaines être pérennisées ».

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